Guerre en Ukraine. Continuer à s'échanger des messages même quand les réseaux sont HS, voici comment
Les réseaux de communication sont très souvent des cibles prioritaires dans la guerre moderne. Priver un pays d'Internet ou de réseaux téléphoniques est un enjeu de déstabilisation. Cela peut aussi limiter la fuite d'images ou de vidéos dérangeantes... Pour autant, la coupure des réseaux n'empêche pas totalement de communiquer avec un téléphone. Certaines applications fonctionnent sans internet, en utilisant le Bluetooth.
Publié le 27/02/2022
Depuis le 17 février, des perturbations ont été enregistré dans plusieurs villes d’Ukraine dont Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays. "D’importantes perturbations d’Internet ont été enregistrées dans la ville de Kharkiv, contrôlée par l’Ukraine, peu après les énormes explosions entendues ; les utilisateurs signalent la perte du service de ligne fixe chez le fournisseur Triolan, tandis que les téléphones portables continuent de fonctionner", explique sur son compte Twitter le site NetBlocks.org. La plateforme, qui pilote un observatoire de la liberté d’accès à Internet, s’est déjà illustrée par le passé en signalant des coupures ou des blocages en Turquie, en Iran ou bien au Kazakhstan.
(....)Pour pallier ces problèmes, des applications de communication fonctionnant sans internet ont été développées.
Bridgefy
"Si Internet est coupé, s’il vous plaît téléchargez et utilisez Bridgefy comme application de messagerie", écrit un utilisateur sur le r/ukraine de Reddit. "Elle utilise le Bluetooth pour envoyer les messages. On l’a utilisée au Liban quand le gouvernement a interrompu notre connexion", ajoute-t-il. Disponible sur Android et iOS, l’application permet à plusieurs personnes situées à moins de 100m de s’envoyer des messages, aussi bien privés (‘chats’) que visibles par l’ensemble des utilisateurs du périmètre (‘Broadcast’). Il suffit d’activer les fonctionnalités Bluetooth ou GPS du téléphone.
Au-delà des 100m, les messages peuvent malgré tout être transmis par appareils interposés. D’autres utilisateurs ayant téléchargé l’application sur leur téléphone et présents dans le périmètre, peuvent transmettre le message à un autre appareil et ainsi de suite jusqu’à atteindre son destinataire. Le message arrive en quelque sorte par sauts de puces.
Seul bémol, cette application est mal notée sur le Play Store (3,1/5), en raison de son manque de stabilité et de bugs récurrents.
FireChat
Autre application du même type, FireChat a connu son heure de gloire à Hong Kong en 2019. "Les manifestants l'utilisent pour annoncer quel genre de matériel ils ont besoin, comme des lunettes ou des masques chirurgicaux", explique un étudiant au New York Times, au moment de la révolution des Parapluies à Hong Kong. En décembre 2014, l’opposant russe Alexei Navalny a appelé au téléchargement de Firechat, lorsqu’une page Facebook de rassemblement s’est retrouvée bloquée par les autorités. C’est d’ailleurs sur l’application qu’il a annoncé son arrestation.
Créée en 2014 par la société Open Garden, l’application fonctionne de la même manière que Bridgefy : grâce à un réseau mesh qui permet aux appareils de se connecter entre eux. Les utilisateurs peuvent ainsi échanger des messages même sans connexion Internet, en utilisant le Bluetooth et les fréquences radio émises par les téléphones aux alentours.
"Notre but est d’amener internet gratuitement à un maximum de gens", revendique Micha Benoliel le créateur dans un entretien pour L'Obs. "Les gens doivent comprendre que cet outil n'est pas destiné à échanger des informations qui pourraient les mettre en danger si elles étaient découvertes par quelqu'un d'hostile. [...] Il n'a pas pour objectif de permettre des communications sécurisées ou privées".
Disponible sur Androit et iOS, FireChat est bâtit sur le modèle d’un réseau social. L’utilisateur se créer un profil, s’abonne et obtient des abonnés, et peut alors se lancer dans une discussion.
Petits bémols, il faut une adresse email pour s’inscrire. De plus, les conversations y sont publiques, pas de confidentialité des données. Lors des manifestations de Hong Kong, certains ont ainsi expliqué que les policiers pouvaient très bien infiltrer un chat et y découvrir les intentions des manifestants. "Ce serait très compliqué de se servir de FireChat pour pister quelqu'un", a tenu à rassurer Micha Benoliel. Il est difficile de savoir qui se cache derrière un pseudo ou une adresse mail.
Briar
Pensée pour les activistes, journalistes, travailleurs humanitaires et toute autre personne dont la mission implique de communiquer en terrain hostile, l'application Briar permet d'échanger des messages en toute sécurité. "Jai commencé Briar en 2010 avec pour objectif de protéger la vie privée, la liberté d’expression et la liberté de réunion. La technologie a engendré de nouvelles menaces pour ces droits et je pense que les technologues ont la responsabilité de rétablir l’équilibre", explique Michael Rogers, fondateur de l'application, dans une interview livrée au Média 4 4 2.
Dans un rayon de 100m, les utilisateurs peuvent également partager des émojis et des photographies, aussi bien dans des groupes privés que collectifs. En revanche, il est impossible d'envoyer des pièces jointes.
Plus compliquée à installer, l'application est plus complète que les deux précédemment citées. Il est nécessaire de se créer un compte, d'autoriser les connexions d’arrière-plan ainsi que l’accès aux fichiers multimédias du téléphone, avant d'activer le Bluetooth et le GPS du téléphone.
Two Way : Talkie Walkie
Un Talkie Walkie sur notre téléphone. C'est ce que promet l'application Two Way : Talkie Walkie. Pas besoin de connexion internet, il suffit de créer un numéro de canal à six chiffres ou bien de partager une même localisation pour pouvoir échanger avec n'importe qui.
Simple d'utilisation, l'utilisateur n'a qu'à maintenir le bouton "talk" appuyé pendant qu'il parle. Le destinataire peut en faire de même. Il est possible pour une tierce personne d'intégrer la conversation, en rentrant le numéro de canal. En revanche, l'application ne permet pas d'échanger des messages écrits.
D'autres applications permettent de rester en contact en dehors des canaux traditionnels, lorsque la connexion internet est interrompue. Depuis 2010, l'application Serval Mesh s'inscrit dans cette logique. Dans le cadre du projet serval mené par Paul Gardner-Stephen en Australie, l'application permet à plusieurs personnes d'échanger grâce à une connexion Wi-Fi ou Bluetooth. L'objectif : pouvoir communiquer en cas de catastrophes... ou de guerre.
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